Co-habitation avec une belle-mère

Quand j’ai rencontré mon mari, j’avais 50 ans et lui 58 ans. Fils unique, il venait de divorcer et sa mère habitait dans un appartement lui appartenant à côté de l’appartement de son épouse (= une des causes de leur divorce : une mère possessive et un peu « abusive »)

Ma future belle mère habitait dans un 5° étage à Paris SANS ASCENSEUR et sans salle de bains, elle avait 78 ans !!! en bonne forme physique puisqu’elle montait et descendait ses 5 étages deux fois par jour. Mais je me disais que ce ne serait peut-être pas toujours le cas et surtout que si jamais elle se cassait le col du fémur, ce serait à moi (et pas à son fils) d’aller lui porter ses repas …

J’ai dit à son fils « tu ne peux pas la laisser dans cet appartement » ! A sa décharge, il ne voyait pas les changements imperceptibles chez sa mère, mince et toujours élégante ! et son divorce l’avait affecté : il me disait qu’il n’avait pas compris pourquoi son épouse l’avait quittée …

Donc j’ai proposé à mon mari (fils unique très « attaché » à sa mère) de prendre un grand appartement, car de toutes façons, il devait quitter le logement qui appartenait à son ex-épouse, et de prendre un appartement à trois.

Après un an de co-habitation dans mon 2 pièces à la Défense, il était temps que lui et moi prenions un 3° appartement nouveau pour « re-faire » notre vie. J’ai suggéré un appartement suffisamment grand avec deux salles de bains pour que lui soit proche d’elle sans nous gêner mutuellement. J’avais juste posé une condition : je n’étais pas obligée d’aller la voir tous les jours.
Nous avons donc écrit un cahier des charges : il fallait trouver un appartement,

  1. vide,
  2. en location,
  3. avec au moins TROIS chambres (une pour nous, une pour elle et une troisième pour une personne si ma belle-mère devenait dépendante),
  4. avec ascenseur,
  5. dans le 14° (Paris)
  6. et avec un budget maximum de XXXX Francs (c’était avant le passage à l’Euro et avant le déploiement d’internet à l’été 1993)

Nous étions en vacances mon mari et moi, dans le Morvan, et je me souviens avoir cherché des adresses d’agences immobilières dans le 14° sur un MINITEL (à la poste !!! et je les ai recopiées à la main, cela semble avant le déluge )
J’ai téléphoné ou écrit à une dizaine d’entre elles, et l’une nous a appelé à la mi-août « j’ai ce qu’il vous faut : un duplex de 100 m2 avec trois chambres, deux salles de bains, rue Ducouedic » en prime nous avons eu une terrasse et un balcon qui donnait sur un jardin intérieur = le rêve !!!
Nous avons eu le coup de foudre. Nous avons visité ce bien tous les trois. Ma belle-mère n’a pas voulu s’installer tout de suite … Qu’à cela ne tienne, j’ai passé une petite annonce dans un journal pour étudiants et j’ai trouvé deux jeunes filles.
L’appartement était parfait : au 4° étage d’un immeuble de 10 logements, bien entretenu, il faisait partie d’un ensemble de deux bâtiments avec un jardin intérieur entre les deux.

Notre petite entrée de duplex donnait en face sur une porte distribuant un couloir menant à deux chambres (une petite sur la rue et une grande sur le jardin, avec une salle de bains : baignoire, lavabo et WC). Cela faisait un petit appartement. Puis sur la droite un escalier menait à un palier de 6m2, distribuant une chambre, un séjour, une cuisine, une salle de bains et des WC séparés = notre royaume !!!
Mon mari allait voir sa mère matin et soir, et nous lui faisions ses « grandes courses ». Elle sortait pour ses « petits courses » quand elle voulait. Elle changeait à peine de quartier.
Elle avait un réchaud dans sa chambre et le frigidaire dans la salle de bains.
Quand elle s’est enfin installée avec nous en 2000, nous avons juste gardé une étudiante étrangère dans la petite chambre : elles faisaient des échanges conversation française contre présence. Tout le monde était content de cet arrangement.

C’est ainsi qu’une dame de 79 ans, qui n’avait jamais quitté son appartement en 50 ans, s’est mise à la co-location !!! elle était TRES contente  *! … et nous aussi :=)

De plus, le fait d’avoir QUATRE participations financières (la mienne, celle de mon mari, ma belle mère et l’étudiante), et de mutualiser les frais d’électricité, nous permettait à tous de faire des économies. Elle avait pu garder sa ligne de téléphone avec même numéro. Nous avions notre propre ligne de téléphone, l’étudiante avait aussi sa ligne de téléphone personnelle.

Suite, quand nos propriétaires ont voulu récupérer leur duplex, mon mari a décidé de trouver un « logement foyer« , toujours dans le 14° . Elle n’avait plus à faire son repas du midi. Cela lui donnait une certaine socialisation. Mon mari allait déjeuner avec elle tous les samedi midi. Et nous l’invitions avec ses petits enfants environ une fois par mois. Je m’occupais de la logistique !!!

Je gardais mes distances car malgré mon investissement et le fait que j’ai du vider TOUTE seule son appartement, elle m’a dit une fois « vous êtes jalouse de moi« . Ce qui était faux. Cela m’a fait TRES mal.

Mais j’estime avoir fait mon devoir et nous lui avons permis une « transition en douceur » de son appartement (sans salle de bains, elle se lavait dans sa cuisine !!) au foyer logement. Elle n’a eu que six mois difficiles en fin de vie : elle était devenue aveugle et elle est décédée la veille du jour où elle devait être opérée d’une fracture du col du fémur. Elle dormait presque toute la journée et marchait avec une grande difficulté et très lentement.

J’avais été prête à la prendre dans notre appartement de 85 m2 à la Défense (entre temps, nous avions acheté un 4 p avec 3 chambres) mais une cousine médecin (Nathalène D qui peut en témoigner ) m’a dit « si ta belle mère est dans un hôpital, ce sera moins lourd pour aller la voir régulièrement, si elle est chez vous, tu vas t’épuiser« .

NOTE : 90% des seniors qui pratiquent ce type de co-habitation en sont contents, il suffit d’essayer (voir le site Le Temps pour Toit) et plus de 3.000 seniors – depuis 2003 – en France ont adopté ce genre d’habitat !!!

Mise à jour du 21 août 2014

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